Je viens donc de regarder les photos de Pierre Caby. Il n'y va pas de main morte. Il en envoie comme des grosses basses. Petites âmes s'abstenir. Un défilé de portrait qui crache sur la censure. La pudeur est toujours respectée mais il a le don de créer une ambiance qui fait croire qu'elle est dépassée. Ses photos montrent une féminité sur le fil de la fragilité. Les parties du corps dénudées un cou tendu, des chevilles, des bras, des seins perçus sont accompagnés de linge en coton, tulle ou morceaux de dentelles. Des maquillages parfois posés comme sous l'ivresse. Un fil de tension qui gêne car il montre l'éphémère. Le repli sur soi, le désarroi, la mutilation quand des ciseaux menacent de couper une chevelure, que tant de femmes soignent avec mille précautions.Ça sent la chair, le corps sans parfum, la sensualité au bord de la névrose.Bref plus de code, abolition des images aux visages d'élégance, de fric et du bien coiffé. Quand on découvre, comme moi ces photos, on est d'abord hyper surprise, et on sourit de joie de voir le conformisme mis à la poubelle. Les hashtags à la noix, me too et compagnie, andco sourire. Cet homme voit les femmes et leurs faiblesses, leurs beautés et leur angoisses, les liens de dépendance, l'amour et le cœur crevé sous le drapeau de la liberté.Merci pour ce lien explosif - DP de Montaigu, 09/12/2019
Se frotter au travail de PiErre, c'est se heurter à un univers photographique fort. Des images douloureuses desquelles on pourrait sortir blessé mais dont on revient paradoxalement apaisé. PiErre met en avant des écorchures mais l'humanité ancrée en lui étant telle, qu'il vient lui même les panser. Nous rassure. Le round se termine par des caresses.
PiErre donne au sens noble du terme. Il donne des images à son image. Ne joue pas la réalité. La vit. La voit. La capte. Et, parvient à la rendre poétique. Ses clichés, empreints d'émotions, nous jettent sur un ring où uppercuts et autres coups s’enchaînent très vite. Assénés côté droit, celui du cœur, ses clichés ne sont pas sans rappeler les maux du poète et boxeur, Arthur Cravan.
PiErre arrête le temps sur des visages, des corps, des lieux, plongés dans les latrines de la vie.
Néanmoins, par sa grande sensibilité, la magie de son noir et blanc, il parvient à embaumer le nauséabond, lui donner un parfum plus doux. Il nous offre comme une promesse, celle de pouvoir respirer encore. A.U.S.W., octobre 2013